"La photographie est l'art de ne pas appuyer sur le bouton." – Franck Horvat
Avant l’ère de la photographie, les portraitistes avaient la tâche longue et ardue de tenter de reproduire la réalité. Frank Horvat, dont le travail couvre tous les genres photographiques, du documentaire à la mode, s'est fortement inspiré du travail des grands portraitistes et a décidé d'entreprendre la tâche d'inverser la réalité, en essayant de faire ressembler les photographies à des peintures dans sa série captivante. Vraies Semblances.
Alors, comment Horvat a-t-il reproduit le travail délicat des maîtres du portrait ?
Utiliser des fonds texturés ou en tissu est une chose, mais recréer la lumière, l’ambiance et l’atmosphère d’un tableau d’une époque révolue en est une autre. Même dans les années 80, lorsque Horvat décide de commencer sa série, la technologie photographique était suffisamment avancée pour qu’une image paraisse trop hyperréaliste pour passer pour une huile sur toile. Cependant, Horvat s’est rendu compte que la technique d’impression pigmentaire couleur Fresson pouvait adoucir suffisamment les tons et les textures pour rendre l’effet qu’il souhaitait.
Mise au point à la fin du XIXe siècle par Théodore-Henri Fresson, l'épreuve pigmentaire couleur Fresson succède à l'épreuve monochrome carbone. « procédé papier satiné ». UN Processus complexe et délicat réalisé uniquement dans un studio secret par une entreprise familiale, il implique quatre couches de gélatine contenant des pigments de cyan, jaune, magenta et noir, qui sont successivement appliquées sur du papier ou de la toile.
Si le secret entourant la réalisation d'un tirage en quadrichromie Fresson demeure, l'atelier familial a révélé qu'il faut quatre phases d'enduction successives, une par couleur.
En ce sens, la technique s’apparente à la peinture, les couleurs étant appliquées une à une. Les tirages Fresson sont connus pour leur bonne stabilité à la lumière et ont ainsi gagné en popularité auprès des photographes dans les années 1980.
L'intégration de cette technique était la première étape pour recréer les peintures des maîtres, avec des visages scouts apparus comme venus d'une autre époque et avec l'aide de l'artiste Rebecca Campeau qui a agi comme styliste pour la série, Horvat a pu créer des photos incroyables qui ressemblent remarquablement à des peintures. En fait, en regardant certains, en particulier, Sandrine à partir de 1983, il est difficile de croire que ce n'est pas le cas. On pense immédiatement aux ballerines de Degas ou aux muses des grands maîtres hollandais. Ce sont des femmes modernes aux visages classiques, stylisées et posées comme si elles étaient assises devant Vermeer ou Rembrandt.
C'est rafraîchissant de voir ces images maintenant, inspirées d'une époque où les normes de beauté modernes ne dictaient pas la photographie de mode. Dans la série d'Horvat, les femmes sont toutes d'âges et de formes différentes et ont souvent des visages inhabituels et distincts, qui n'apparaîtraient jamais dans les magazines sur papier glacé.
Au premier coup d'œil, même le spectateur le plus averti pourrait facilement confondre ces images avec des peintures, témoignage du savoir-faire et de l'attention portée aux détails de Horvat.
Cependant, il faut aussi considérer l’importance de la représentation de ces femmes. Même si certaines apparaissent nues, Horvat les photographie avec respect, célébrant le corps féminin dans toute sa diversité.
Série unique dans tous les sens du terme, Horvat prouve une fois de plus sa capacité à maîtriser presque tous les styles de photographie.
Toutes les images © Franck Horvat / Studio Frank Horvat
La série a été publiée en 1999 en cinq langues différentes : français et italien chez Peliti Associati, anglais chez Dewi Lewis Publishing, allemand chez Umschau/Brau et espagnol chez Photovision.
Frank Horvat's – Hong Kong, le dernier né de la série Fashion Eye de Louis Vuitton est disponible ici.